Madame le Maire a notifié, le 26 juin 2010, par lettre récommandée et sans même un entretien préalable, le retrait de leurs délégations à deux Adjoints :
- Frédéric SALAÜN - 2ème adjoint - Finances et Personnel
- Yves Le ROUX - 3ème adjoint - Environnement et Cadre de Vie
Le 8 juillet 2010, le Conseil municipal, après en avoir délibéré, et par un vote à bulletin secret, a décidé, par 13 voix Pour, 3 abstentions et 5 bulletins blancs, le maintien de Messieurs LE ROUX et SALAÜN dans leurs fonctions d'Adjoint.
(La qualité d’adjoint et l’attribution ou le retrait de délégation aux adjoints sont deux choses totalement indépendantes : la qualité d’adjoint découle d'une élection par le Conseil municpal, la délégation résulte d’une décision du Maire).
Voici la lettre ouverte adressée par F. SALAÜN à cette occasion à l'ensemble des élus.
Frédéric SALAÜN Le 8 juillet 2010
Adjoint au Maire
Saint-Aubin-du-Cormier
Lettre ouverte aux Conseillers Municipaux
Madame, Monsieur,
Après le retrait de mes délégations le 26 juin dernier, et avant que nous ne nous prononcions sur le maintien dans la fonction d’Adjoint, je souhaite revenir devant vous sur le fond de cette « affaire » (même s’il y aurait également beaucoup à dire sur les méthodes employées par Madame le Maire et son Premier Adjoint).
J’ai, depuis notre élection en 2008, beaucoup travaillé. J’ai analysé, de manière rétrospective et prospective, la situation financière de notre commune. J’ai pris le temps nécessaire pour rendre le sujet accessible à chacun de vous, notamment à travers plusieurs présentations en Conseil Municipal. Mon objectif a toujours été de vous donner le maximum d’éléments pour que vous puissiez participer pleinement à toutes les décisions impactant nos finances.
Je pense pouvoir dire, au vu des retours que j’ai eus, que ce travail a été reconnu et apprécié par de nombreux élus, de quelque « Groupe » que ce soit, mais aussi par la population.
Cette analyse fait apparaître une situation difficile : une épargne insuffisante, une mauvaise capacité de désendettement. Il m’a alors semblé qu’il était de mon devoir de mettre en place des outils, des tableaux de bord et de faire des propositions afin :
· d’assurer un certain nombre d’investissements d’ici à la fin du mandat
· de pouvoir laisser une situation financière acceptable à celles et ceux qui reprendront le flambeau en 2014.
Dans cet objectif, nous sommes nombreux à n’avoir eu de cesse de réclamer davantage d’anticipation, de planification, de programmation.
Je travaillais d’ailleurs, ces derniers jours encore, sur :
· la définition d’un programme d’investissements pour le reste du mandat (en volume car, malgré des demandes répétées, Madame le Maire et son Premier Adjoint se refusent à décliner un tel programme avec le reste de l’équipe)
· le financement de nos futurs travaux sur le budget « Eau »
· la mise en place d’outils pour une maîtrise de nos dépenses de fonctionnement
Tout ceci, depuis 2008, je ne l’ai bien sûr pas fait tout seul.
Je me suis constamment appuyé sur les compétences existantes, conditions essentielles pour le succès d’un groupe.
Je voudrais donc remercier ici Robert GAYET pour m’avoir mis le pied à l’étrier et permis ainsi de rentrer très rapidement dans le sujet. J’ai eu et je continuerai d’avoir avec lui, c’est certain, des échanges fructueux.
J’ai également travaillé en liaison constante avec notre comptable et notre percepteur. Je souhaite donc remercier chaleureusement Laurence BUFFET : efficace, rigoureuse, très investie, je n’aurais pas pu mener ces travaux sans son appui de tous les instants. Je remercie également Catherine POGAM pour son aide dans la mise en place d’un certain nombre d’outils.
Je souhaiterais d’ailleurs souligner ici que Laurence BUFFET, Catherine POGAM et moi-même avons constamment partagé nos données ce qui amène deux remarques :
· ces documents étaient ainsi, de fait, en mairie, à la disposition de tous les élus
· la pertinence des arguments que nous avançons aujourd’hui ne peut donc être remise en cause
D’une manière générale, depuis 2008 :
· je suis toujours resté dans mon rôle d’Adjoint veillant à ce que, jamais, les prérogatives que la loi donne au Maire ne soient affectées
· je n’ai eu de cesse d’être force de propositions
· je n’ai jamais fait de catastrophisme :
o j’ai toujours dit que la commune n’était pas dans le rouge (au sens, où elle peut encore répondre à ses obligations – c’est-à-dire fonctionner - même si l’épargne dégagée est trop faible) et qu’il était encore possible de faire du préventif
· je n’ai jamais remis en cause les choix opérés au cours du mandat précédent :
o nous devons les assumer et regarder devant
· ai-je fait obstacle à la mise en œuvre du programme défini en 2008 ?
· en quoi me suis-je « désolidarisé » de notre programme, de notre équipe ?
Et pourtant …
Le 30 mars 2010, après avoir rencontré en catimini le percepteur, Madame Le Maire et son Premier Adjoint ont décidé de m’écarter de la préparation du Budget Primitif. Ils faisaient ainsi fi de 3 mois de travail intensif et, par la même occasion, du travail de la Commission des Finances qui s’était pourtant réunie à 7 reprises.
Le 26 juin 2010, j’ai été informé, sans même un entretien préalable, du retrait de mes délégations par une lettre recommandée.
Le 19 mai 2010, j’avais pourtant rencontré, à ma demande, Madame Le Maire afin, d’une part, de revenir avec elle sur les conditions dans lesquelles avait été finalisé le Budget Primitif 2010 et, d’autre part, d’évoquer la suite.
Le 23 juin 2010, veille de mon éviction, et pour l’anecdote, j’étais allé chercher Madame le Maire pour qu’elle participe à une réunion organisée avec les représentants de l’école Sainte-Thérèse.
Au vu de tous ces éléments, je laisse donc chacun imaginer et apprécier les raisons qui ont pu motiver le retrait des délégations.
Et maintenant ?
Au-delà de ma personne, car nul n’est irremplaçable, une question me préoccupe : le travail en cours, d’analyse, de suivi, de programmation sera-t-il poursuivi ?
A court terme, la réponse est de toute évidence négative car il faut, je l’ai vécu, un certain temps pour rentrer dans le sujet.
Pourtant, il est impératif avant toute décision impactant nos finances, surtout au vu de nos difficultés, de pouvoir la situer dans la durée. La délégation aux finances ne saurait se limiter à des actions ponctuelles telles que signer des devis, des factures ou voter un budget une fois par an.
Le retrait de mes délégations ne constituerait-t-il pas alors, plus simplement, une fin de non-recevoir à des propositions pourtant portées par une majorité d’entre-nous ?
Dans cette hypothèse, cette décision de retrait, en plus d’être injuste et violente, serait alors définitivement contraire à l’intérêt général.
Je continuerai bien évidemment, au sein de notre groupe majoritaire, à suivre de près, à analyser et, lorsque je l’estimerai nécessaire, à m’exprimer sur les décisions qui impacteront nos finances dans le souci constant de l’intérêt de notre commune ce pour quoi les saint-aubinais m’ont élu, moi aussi.
Je ne saurais terminer cette lettre sans évoquer le retrait de ma délégation au Personnel : celui-ci met ainsi fin à un binôme qui fonctionnait parfaitement et laissera, lui aussi, très probablement, de nombreux chantiers inachevés.
Je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’assurance de mes meilleures salutations.
Frédéric SALAÜN